
Interview de Doina FAIVRE
Exposition chez Globe Sauter, du 4 au 26 octobre
Du lundi au vendredi de 9h à 17h
– Quelques mots pour te présenter :
Doina, mélopée libre et ancestrale, mon prénom dit déjà ma manière d’habiter le monde. Je suis née en Roumanie, terre de contes, de brume et de forêts anciennes, où la doina est un chant sans refrain, né d’un frisson, d’une émotion, d’un silence. On l’appelle le méridien du folklore, comme un fil tendu entre la terre et l’âme. Issue d’un monde de rigueur — une enfance bercée par les lois et les plaidoiries — j’ai choisi, à contretemps, d’écouter ce que rien n’explique. Je vis en France, pays adoptif, lumineux et multiple. Entre ces deux rivages, je tisse mes images. Treize années dans le management commercial, aujourd’hui dans l’audit bancaire, et pourtant : un parcours exigeant, structuré, que je contrebalance par la liberté que m’offre la photographie, dans l’ombre d’un arbre ou le souffle d’un ruisseau que je respire vraiment.
– Quand et comment as-tu débuté en photo ? Qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?
J’ai débuté la photo il y a 25 ans, au seuil de ma vie ici et là. Loin de mes repères, au milieu de la nature, j’ai cherché un nouveau langage, celui de la lumière et du silence. L’image s’est imposée comme une façon d’habiter le monde autrement. Chaque clic est pour moi une respiration, chaque image une confidence silencieuse. La photographie est mon espace suspendu, ma parenthèse d’écoute, là où le visible frôle l’invisible. Elle m’offre un espace où je peux écouter ce que le monde ne dit pas. Je photographie comme on écrit un poème : à l’instinct, portée par ce que le monde tait mais que le regard perçoit.
– De quoi parle ton exposition ?
Mon exposition parle du lien. Un lien intime, invisible, presque sacré, entre l’humain et le vivant. Elle évoque la lumière et l’ombre, la lenteur, la présence. Un arbre qui écoute. Un ruisseau qui chuchote. Un lac qui nous prend dans ses bras de silence. Un cygne qui trace la paix sur l’eau. Chaque image est un souffle. Un instant fragile, suspendu. Je ne cherche pas à montrer la nature. Je cherche à traduire ce qu’elle me dit lorsque je me tais. C’est une exposition sur l’écoute. Le silence habité. Le silence sauvage apprivoisé par le regard. Un regard lent, posé, presque amoureux. Un regard qui ne capture pas, mais qui accueille. Qui ne prend rien, mais se laisse traverser. Dans cet espace suspendu entre le visible et l’invisible, la photographie devient offrande. Offrande d’un monde qui ne demande rien, sinon d’être regardé avec douceur. Mon exposition est un murmure. Une tentative de présence. Un geste d’écoute tendu vers ce qui vit, silencieusement.
– En général, quels sont les sujets qui t’intéressent ? Qu’est-ce que tu y cherches, y trouves ?
Je suis attirée par tout ce qui porte une présence – qu’elle soit végétale, humaine ou bâtie. Dans la nature, je cherche le souffle originel, l’apaisement, la beauté brute. J’y trouve l’essentiel, ce qui échappe aux mots : la lumière sur une écorce, le frisson d’un feuillage, la pureté d’un vol. Dans le portrait, je ne cherche pas l’image parfaite, mais ce qui traverse un regard, un geste, un silence. J’y trouve une vérité nue, une émotion partagée. Dans la rue, je cherche la poésie du quotidien. Un geste furtif, une solitude passante, une rencontre entre l’ombre et la matière. J’y trouve des histoires en fragments, du vivant brut. Dans l’architecture, je cherche l’équilibre entre structure et lumière. J’y trouve une beauté stable, géométrique, presque méditative – et pourtant, elle aussi, pleine de surprises. Ce que je cherche toujours, dans tous ces sujets, c’est la justesse d’un instant. Ce moment où l’invisible affleure, où le monde se montre sans bruit. Ce que je trouve souvent, c’est une forme de paix.
-Lien hypertexte vers le site internet où l’on peut te retrouver :
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