Festival – Interview de Yves Gravelin

– Yves, quelques mots pour te présenter :
Je suis un photographe amateur, amateur de photographie.

 – Quand et comment es-tu tombé dans la photo ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Enfant, j’ai reçu en cadeau un instamatic Kodak, un petit appareil très rudimentaire. J’allais pouvoir faire de ces images qui fascinaient tant, qu’on se partageait lors des réunions de famille.
Je me souviens encore des premières photos que j’ai prises.
Je me souviens encore de la déception quand j’ai vu le résultat.
Ce n’était pas le paysage inondé qui m’avait interpelé : c’était plat, c’était gris. L’image que je m’en étais faite n’était pas là. Je crois que, même aujourd’hui, l’image de ce souvenir me semble plus vraie que la photo de cette époque.
Depuis, je me demande : Comment faire ?
Après le premier Reflex, vénérable Canon Ftb, après les bases techniques, l’évolution numérique, je me demande : Comment faire ?
Comment faire pour voir le monde autrement.

– Quels sont les sujets qui t’intéressent ? qu’est-ce que tu y cherches, y trouves ?
Tout mérite une photo.
Il faut avoir la patience des objets, des lieux, des personnes que l’on photographie.
Mille fois on passe, mille fois lentement l’image progresse. Elle s’insinue.
Jusqu’au jour où pour une lumière, une ombre, un mouvement, une présence, une humeur elle s’impose.
Alors on voit autrement…

– Qui sont les photographes qui t’inspirent ou dont tu apprécies particulièrement le travail ?
Les premiers photographes qui m’ont impressionné n’en sont pas. Ce sont des cinéastes.
Alain Resnais utilisait la photo pour ses repérages. Avec la complicité de Jorge Semprun, il a publié un livre dont les photos, vides de tout personnage, dégagent une force incroyable. Depuis j’ai toujours pensé que certains lieux attendent les événements, que certaines choses ne peuvent se produire qu’à certains endroits et que le vide les attire.
Dans les photogrammes des films de S.M. Eisenstein, au contraire, l’humain envahi le cadre mais avec une extrême rigueur de composition. Tout y est organisé avec la plus grande minutie. Et la force nait ensuite du montage, de la juxtaposition de chacune de ces « photos »
Cette exigence, cette force, je les ai retrouvées chez Sergio Larrain ; c’est par le vagabondage qu’il capte la magie du monde.
« C’est beaucoup de vagabondage, s’asseoir sous un arbre n’importe où… c’est une déambulation solitaire dans l’univers, que l’on regarde soudain. Le monde conventionnel est un paravent, il faut en sortir – quand on photographie »
Et bien d’autres, comme Angelo Rizzuto, qui sous une apparente banalité, nous donnent à voir le monde autrement.

– Qu’est-ce que tu présentes dans ton exposition ?
Le vide et le plein, leur constante interaction, m’ont toujours fasciné. La peinture chinoise l’a mise en lumière en maîtrisant l’encre et le pinceau. Cette symbiose entre le vide et le plein, je l’ai retrouvée dans les peintures de Giorgio Morandi. Toute sa vie, inlassablement, il a peint des ustensiles dans des natures mortes d’un dépouillement frappant.
Dans cette série, je recherche cette impression étrange qui nait de l’équilibre entre vide et plein dans des natures mortes de récipients.
« Rien n’est plus abstrait que la réalité » disait Morandi.

– Et pour la suite ? des projets, des envies de découvertes, d’évolution ?
Cette quête de l’autrement est sans fin.

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